Un autor olvidado de relatos históricos: Paul Lacroix “Le Bibliophile Jacob” 67
Estudios Franco-Alemanes 6 (2014), 53-77
Molière et de Beaumarchais. La littérature actuelle
produit encore des ouvrages du plus haut mérite dans ce
genre, et le nom de roman, qu'on avait l'habitude de
donner à des élucubrations triviales ou absurdes, mal
digérées et plus mal écrites, s'applique aux productions
vraiment remarquables de notre époque. Ainsi, pour
choisir un exemple qui touche à mes sympathies les plus
chères et les plus fraternelles, je nommerai avec orgueil,
entre les noms de Janin, de Dumas et d'Eugène Sue, mon
ami Jules Lacroix, qui n'a encore fait qu'un roman, Une
Grossesse, et qui a pris son rang par ce livre de drame, de
pensée et de style. Le roman n'est qu'une forme multiple
qui se prête à tous les caprices de l'imagination, à toutes
les ressources du talent: dans le roman se sont fondus
tous les genres, comme dans un creuset les métaux qui
s'allient pour créer le bronze; le roman réunit la tragédie
et la comédie, la satire et l'élégie, la philosophie et la
science, l'épopée et l'histoire...
—L'histoire, monsieur! l'histoire en roman! A mon tour,
je vous demanderai si vous savez bien ce que c'est que
l'histoire?
—Nous pourrions nous dire l'un à l'autre: «Vous êtes
orfèvre, monsieur Josse!» Toutefois, je vous répondrai
naïvement que je fais de l'histoire dans mes romans,
comme Varillas faisait du roman dans ses histoires.
L'histoire, à votre sens, consiste-t-elle dans l'Art de
vérifier les dates? N'y a-t-il qu'une manière d'être
historien, en renchérissant de sécheresse, mais aussi
d'exactitude, sur les Mabillon, les Baluze, les Clément?
En un mot, la dissertation et la chronologie, est-ce là
toute l'histoire? autant vaudrait réduire à l'anatomie la
connaissance des hommes! L'histoire peut être, ce me
semble, divisée en trois classes, qui se subdivisent elles-
mêmes en autant d'espèces qu'il y a de variétés d'esprit:
l'histoire mathématique, l'histoire abstraite ou
problématique, l'histoire pittoresque; la première
appartient au bénédictin, qui veut des chartes et les
hiéroglyphes de la diplomatique; la seconde au rhéteur,
qui veut des systèmes; la troisième au peintre et au