Les termes fictionnels ou irrealia dans la littérature et leur relation avec les néologismes: vers une étude des procédés de formation de nouveaux mots dans les traductions françaises de "The Lord of the Rings"
DOI:
https://doi.org/10.21071/estfa.v10i.15858Palabras clave:
irrealia, néologisme, traduction, texte fictionnel, littérature fantastique., irrealia, neologism, translation, fictional text, fantasy literatureResumen
Parmi les défis de traduction qui entraînent les textes fictionnels, et plus concrètement la littérature de la fantasy, nous pourrions souligner la traduction des termes qui désignent des concepts fictionnels (les irrealia). Cela est dû d’un côté à leur inexistence matérielle et à leur référence à des objets fictionnelles, ce qui rend le travail de recherche documentaire et terminologique plus difficile et donc limite la compréhension du texte. D’un autre côté, la traduction de ce type d’unités lexicales exige une certaine créativité de la part du traducteur, qui doit créer des nouveaux mots pour dénommer les irrealia ou termes fictionnels en utilisant les procédés de formation de néologismes existants dans la langue cible. Deux questions peuvent être posées à cet effet : les irrealia peuvent-ils être considérés comme des néologismes ? Et, si c’est le cas, participent-ils des mêmes procédés de formation que les autres mots ?
Pour répondre à ces questions, ce travail vise à étudier les procédés linguistiques de formation de nouveaux mots utilisés dans les traductions françaises de The Lord of the Rings, de J. R. R. Tolkien (1954-1955), réalisées par Francis Ledoux (1972-1973) et Daniel Lauzon (2014-2016) et nommées dans les deux cas comme Le Seigneur des Anneaux. La raison de cette sélection textuelle comme corpus d’étude repose sur le fait qu’il s’agit d’une œuvre qui représente un monde fictionnel très différent du monde réel, et qui contient donc de nombreux exemples d’irrealia qui doivent être transférés dans la langue cible. Pour cette raison, et à partir de deux traductions différentes dans la même langue (le français), notre travail vise à analyser les procédés de traduction utilisés pour étudier leur productivité et évaluer leur adéquation par rapport au texte source. Cela nous permettra alors d’établir des conclusions au sujet des stratégies de traduction, ainsi que de s’approcher de sa nature linguistique en relation avec les néologismes.
The translation of fictional texts and, more specifically, fantasy literature presents several challenges. Among these challenges we could highlight the translation of terms that make reference to fictional concepts (irrealia). On the one hand, these challenges are partly explained by irrealia’s non-actual existence and their lack of reference to real-world objects, which makes the task of terminology research more difficult to the translator, and hence limits the understanding of the fictional text. On the other hand, the translation of this type of lexical units requires creative skills from the translator, who must create new words to name these fictional particulars or irrealia using word-formation processes that actually exist in the target language. In this sense, two questions arise: can irrealia be considered as neologisms? And, if this is the case, are irrealia created using the same word-formation processes as other words? To answer these questions, the present paper aims to study the word-formation processes used to create irrealia in the two French translations of The Lord of the Rings, by J. R. R. Tolkien (1954-1955), carried out by Francis Ledoux (1972-1973) and Daniel Lauzon (2014-2016) and entitled, in both cases, Le Seigneur des Anneaux. The choice for Tolkien’s work as corpus was made in view of the fact that it represents a fictional world that differs substantially from real world. Thus, we might assume that it contains numerous examples of irrealia that must be translated into the target language. For this purpose, the present study aims at analysing the word-formation processes used in the two translations in French in order to study their productivity and evaluate their adequacy in relation to the source text. Finally, we should be able to draw conclusions about translation strategies that can be used to face translation problems that arise when translating irrealia, as well as about the linguistic nature of irrealia in contrast to neologisms.