LILLe De guaici medicine (1519) d'Ulrich von Hutten ou comment penser le traitement de la syphilis para delà Hippocrate et Galien
DOI:
https://doi.org/10.21071/estfa.v1i.15746Palabras clave:
Ulrich von Hutten, syphilis, bois de gaïac, humanisme médical, Renaissance, rationalisme, dogmatisme, empirisme, Hippocrate, Galien, médecine de l’Antiquité.Resumen
Le De guaiaci medicina d’Ulrich von Hutten, traité consacré au traitement de la syphilis par le bois de gaïac, publié en latin en 1519, a connu une rapide et exceptionnelle diffusion en France dans la décennie 1520 grâce à la traduction française qu’en donna Jean Chéradame. Bien que Hutten n’ait pas été lui-même médecin, son court traité s’imposa comme une référence incontournable sur cette nouvelle maladie, contre laquelle l’humanisme médical, alors à son apogée et fondé sur la redécouverte de la médecine grecque de l’Antiquité en langue originale, était démuni. Si les règles d’hygiène et de diète des Anciens pouvaient certes s’appliquer à ce « mal français », comme à toute autre maladie, elles ne pouvaient pas en revanche le guérir. Or, Hutten n’hésite pas à mettre en avant sa propre expérience de syphilitique pour prouver l’efficacité du gaïac et cela, alors que l’humanisme médical ne cesse de dénoncer l’empirisme, Symphorien Champier écrivant par exemple contre les médecins italiens innovateurs qu’une « seule expérience ne fait pas la science ». Cela étant, Hutten demeure un authentique humaniste, bien loin d’être un empiriste convaincu qui voudrait faire table rase de la tradition, si bien que son recours à l’expérience, aussi curieux que cela puisse paraître, s’autorise de la tradition, non pas celle des Grecs et des Latins, mais celle, exogène, du Nouveau Monde. Et c’est sans doute là que réside le succès de son traité, à savoir dans la manière habile dont il arrive à faire admettre une nouveauté thérapeutique certes, mais dans le respect des critères épistémologiques de la médecine ancienne.